PHYTOTHÉRAPIE ET CONSTIPATION
Qu'elle fasse l'objet d'une consultation médicale, qu'elle soit mentionnée par le malade au cours de l'interrogatoire, qu'elle apparaisse comme une indication dans le tableau clinique, la constipation doit toujours être prise au sérieux.
Trop de gens la négligent et s'habituent à la présence constante d'éléments toxiques importants ou croient l'avoir résolue par l'intervention du « laxatif quotidien » dont ils augmentent quelques fois les doses massivement dans une parfaite inconscience de ses conséquences pour la muqueuse intestinale et pour l'ensemble de l'organisme.
Il importe d'abord de savoir quel genre de constipation est en cause et quels mécanismes la provoquent. On prendra donc soin, avant de mettre en place le traitement :
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De rechercher d'éventuelles erreurs dont la correction peut permettre la guérison (manque d'exercice physique avec sédentarité, alimentation insuffisamment riche en fibres et cellulose, horaires perturbés non adaptés au rythme propre de l'individu)…
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De vérifier que certains médicaments n'interfèrent pas sur le transit entraînant une constipation spasmodique avec baisse du potassium ou Hypokaliémie (bêta-bloquants, dérivés de la morphine, neuroleptiques, consommation prolongée de laxatifs drastiques).
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De rechercher dans les constipations spasmodiques, une spasmophilie éventuelle associée ou non à une insuffisance pancréatique et une tendance à l'hyperthyroïdie.
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De rechercher dans les constipations dites atoniques (sans le moindre désir d'évacuer les selles), une insuffisance de fonctionnement du système nerveux parasympathique et par conséquent un hyper-fonctionnement du système nerveux sympathique, une hyperœstrogénie et une hypothyroïdie.
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D'éliminer une éventuelle cause organique qui serait à traiter spécifiquement, avant d'affirmer qu'il s'agit d'un trouble fonctionnel, en recourant si nécessaire au lavement baryté, à la rectosigmoïdoscopie, à la coloscopie ou à d'autres examens.
PLANTES À ACTION LAXATIVE :
Ces plantes provoquent l'exonération de selles molles mais bien moulées.
Les laxatifs mucilagineux, riches en substances sucrées complexes, favorisent l'hydratation du bol fécal. Ils comprennent toute la série des ALGUES, GUIMAUVE, GRANDE MAUVE, LIN, PSYLLIUM, STERCULIA.
Les laxatifs huileux, agissent par ramollissement des selles. Il faudra se méfier d'une interférence possible avec certains anticoagulants, certaines vitamines (A, D) et certains nutriments. Leur usage prolongé est dangereux et déconseillé. On trouvera les plantes suivantes sous forme d'huile ou de graine : OLIVIER, RICIN, SÉSAME.
Les laxatifs sucrés agissent par un appel d'eau à partir de la paroi interne de l'intestin. On peut citer les plantes suivantes : CASSE, LE FIGUIER (ne pas confondre avec la figue de barbarie dont les graines sont constipantes), PÊCHER, PRUNIER, TAMARINIER.
LES PLANTES À ACTION PURGATIVE :
Elles peuvent produire à doses moyennes une expulsion brutale de selles liquides et à faibles doses sont laxatives.
On trouve essentiellement des plantes rangées dans la famille des hétérosides de l'anthraquinone qui augmentent la sécrétion de l'eau, du mucus et des électrolytes (sodium, potassium), mais qui sont irritantes pour la muqueuse intestinale. On peut citer parmi les plantes les plus connues : ALOÈS / BOURDAINE / SÉNÉ / CASCARA / NERPRUN / PATIENCE / RHUBARBES…
Il faut signaler que l’aloès est un purgatif drastique à forte dose et que 8 grammes de poudre peuvent être mortelles.
S'agissant des rhubarbes, on distingue la rhubarbe dite de Chine et la Rhubarbe de France ou RHAPONTIC, moins concentrée en principes actifs que la rhubarbe de Chine.
Toutes ces plantes sont à utiliser avec grande modération, surtout chez la personne âgée qui risque une chute importante du potassium surtout en association avec la digitaline et les diurétiques.
Plantes à action complémentaire au drainage intestinal : le drainage intestinal ne sera parfois efficace qu'avec l'aide d'un traitement complémentaire qui pourra être, selon les cas, un drainage hépato-biliaire ou pancréatique ou une régulation du système neurovégétatif (sympathique et parasympathique).
A titre d'exemple, on pourra utiliser :
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En cas de prédominance du système nerveux parasympathique : THYM / BASILIC / CARVI / CUMIN / ESTRAGON.
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En cas de prédominance du système nerveux sympathique : ROMARIN / CORIANDRE / CAMOMILLE ROMAINE / MARJOLAINE / MELISSE / MENTHE.
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Pour leur action de drainage du foie et des voies biliaires : MENTHE / ROMARIN / CAMOMILLE ROMAINE / CITRON / LAVANDE / MELISSE / SAUGE / THYM.
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Pour leur action antispasmodique et sédative : AUBEPINE / PASSIFLORE.
ÉLÉMENTS NON PHYTOTHÉRAPIQUES :
PAR VOIE GÉNÉRALE, on aura recours aux cures de pollen, aux laxatifs huileux (huile de paraffine), aux purgatifs salins (sulfate de sodium et sulfate de magnésium), aux purgatifs cholagogues comme par exemple le sorbitol.
PAR VOIE LOCALE, on utilisera cette voie pour les formes résistantes au traitement oral, afin de permettre une vidange complète du tube digestif chaque fois qu'une détoxication rapide s'impose, c'est à dire, en cas de perte du réflexe d'exonération ou en présence d'un fécalome ou en vue de préparer le malade à une investigation endoscopique ou radiographique intestinale.
Dans tous les cas, on utilisera des produits non irritants qui seront prescrits sous forme de suppositoires (en évitant une utilisation quotidienne trop prolongée), ou sous forme de lavement à utiliser de manière exceptionnelle.
THERMALISME, en cas de constipation atone (sans éprouver de besoin), on conseillera les cures à Châtelguyon ou Vichy dont les eaux stimulent la motricité intestinale et la sécrétion biliaire.
En cas de constipation spasmodique, on préconisera les eaux de Plombières, pour leur action sédative et antispasmodique.
ÉLÉMENTS DE DIÉTÉTIQUE ET D'HYGIÈNE, les mesures suivantes sont conseillées :
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Gymnastique abdominale et exercice quotidien (marche) ; horaires réguliers de la sollicitation pour rééduquer le réflexe (se présenter aux toilettes tous les matins à la même heure ! ).
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Apport de liquide journalier égal au minimum à 1,5 litre ; 1 verre d'eau froide à jeun ou de jus de fruit un peu glacé favorisent souvent l'émission d'une selle.
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Légumes riches en cellulose, crus ou cuits : asperges, aubergines, bettes, choux (parfois très difficiles à digérer), choux-fleurs, carottes crues, céleri, concombre, épinards, radis, navets, salsifis, salades (chicorée sauvage, mâche, oseille pissenlit…)…
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Fruits crus riches en cellulose : abricots, figues fraîches, pommes, pruneaux, raisins : les fruits de petits calibres peuvent être lavés à l'eau tiède le soir, mis dans un bol et recouverts d'eau. Le lendemain matin, on les sort du frigidaire, on mange les fruits et on boit l'eau.
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Pain de campagne ou complet à raison de 2 tranches par jour (farine blutée à 85 % au moins).
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Cures discontinues de son ou de l'une de ses formes commercialisées en grande surface : une cuillère à soupe à chaque repas principal.
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Cure de pollen pour une bonne ré-équilibration du transit intestinal : une cuillère à café le matin avec un peu d'eau pendant 6 à 8 semaines.



