LE MESSAGE ENDOCRINIEN ET LES DIATHÈSES HOMÉOPATHIQUES
L'univers endocrinien est un univers adaptatif qui permet de réguler de grandes fonctions cellulaires entre elles.
En premier approche, en étudiant particulièrement les médicaments de la matière médicale de ce point de vue, nous pourrions dire que 2 diathèses ou modes réactionnels chroniques (MRC) sont très directement concernés par le système endocrinien : LE TUBERCULINISME ET LA SYCOSE.
Le tuberculinisme représente le pôle de déséquilibre le plus souvent en hyper, alors que la sycose représente le pôle inverse en hypo.
Mais, à ces deux diathèses principales, il nous faut rajouter la psore et la luèse.
Un regard plus aiguisé nous permet de voir dans l'ensemble de nos diathèses, une manière d'exprimer notre vie hormonale qui, au-delà de l'universalité du message endocrinien, atteste de nos particularités.
TUBERCULINISME ET HORMONES :
Le tuberculinisme est sensible à la logique de nutrition/dénutrition. Cela vaut aussi pour les émotions et les sentiments à un niveau plus symbolique.
Le monde endocrinien va donc concerner le tuberculinisme pour ce qui a trait à la minéralité, à la logique anabolisme/catabolisme et surtout à l'adaptation.
Tout cela nous oriente vers le foie en premier lieu, la glande thyroïde, la glande parathyroïde, et les glandes surrénales (cortico et médullo).
L'autre grande caractéristique du tuberculinisme est la grande importance de la sexualité. On attribue trop souvent le sexe à la diathèse luétique (luèse), ce qui est un contre-sens total. Le sexe dans la luèse est simplement une prise de pouvoir et une domination, rien d'autre. Au slogan très luétique : « tu t'es vu quand t'as bu ? » qui témoigne des piètres performances amoureuses à partir d'une alcoolémie, nous pourrions dire que la luèse n'est finalement pas très sexuelle du tout.
Le climat général du tuberculinisme est d'être dans l’excitation et dans l'hyper, ce qui ne l'empêche pas de se consumer et de se carencer en perdant rapidement sa flamme et sa fougue. C'est avant tout un mode réactionnel chronique respiratoire qui s'enflamme, .brûle, se consume et se vide.
On retrouvera donc dans cette diathèse des médicaments « d'hyper » comme IODUM pour sa fonction thyroïdienne, ainsi que la série des médicaments phosphoriques qui illustre assez bien cette correspondance entre adaptation hormonale et tuberculisme :
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PHOSPHORUS et sa polarité « foie, rein » régule beaucoup de pathologie en lien avec la minéralité (ostéoporose), ainsi que la sexualité avec une excitation psychique mal relayée par l'organique et l'hormonal. C'est le médicament du vieillard encore alerte « qui voudrait bien, mais ne peut point ! ».
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PHOSPHORICUM ACIDUM est encore plus typique de cette difficulté d'adaptation
avec une fatigue profonde, psychique, sexuelle et physique par les pertes phospho-calciques.
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KALIUM PHOSPHORICUM est très fatigué, encore plus que les deux remèdes précédents, surtout sur le plan intellectuel et sexuel.
SYCOSE ET HORMONES:
Elle est tout le contraire du tuberculinisme, comme son image en miroir. Le tuberculinisme accélère tout et se vide, la sycose ralentit tout et se remplit.
L'hypothyroïdie est la caricature de cela, mais plus largement des médicaments comme GRAPHITES ou KALIUM CARBONICUM vont témoigner de la chute des fonctions thyroïdiennes et sexuelles.
Si tout est ralenti dans la sycose et si les grands endocriniens ne marchent plus, c'est bien que quelque chose est venu interférer. Les grandes pollutions environnementales et les perturbateurs endocriniens trouvent ici leur point d'impact-ovaires.
Nous voyons ici surtout les corticoïdes qui mettent en panne les glandes surrénales et l’hypophyse et les estroprogestatifs donnés à tort et à travers, en dehors de leur fonction de contraception, qui bloquent le fonctionnement de l'axe hypophyse.
Le ralentissement endocrinien de la sycose se traduit avant tout (surtout chez la femme ménopausée) par une prise de poids. Hypothyroïdie frustre, castration masquée, incapacité des surrénales à assurer leur fonction d'adaptation se mélangent dans de grands médicaments comme CALCAREA CARBONICA et surtout THUYA.
Le ralentissement se traduit aussi par la diminution des capacités à gérer les flux liquidiens. NATRUM SULFURICUM et KALIUM CARBONICUM, entre autres, montrent en associant rétention hydrique et cellulite que plusieurs fonctions endocriniennes sont en défaut.
Enfin, il faut insister sur la tristesse profonde de la sycose. Ce fond de tristesse et de fatigue n'est pas cyclique, mais véritablement structurel et prolongé. Il y a là un lien, non avec le psychisme et l'histoire du patient, mais avec des déficits en neuromédiateurs et hormones cérébrales dont surtout la dopamine et la sérotonine.
Cette dernière hormone, présente au niveau cérébral et dans le tube digestif est une véritable hormone locale dont le métabolisme permettra certainement d'éclairer sous un jour nouveau les liens entre humeur et fonction digestive (le fameux deuxième cerveau). Cela concerne au premier chef la sycose et sa colopathie chronique conjuguée à la dépression toujours plus ou moins présente.
PSORE ET HORMONES :
La psore a son propre rythme et son propre cycle qui est fait d'alternance et de répétitions séquencées. Nous pourrions dire que la psore est rythme avant tout, ce qui caractérise d'ailleurs l'être humain de manière générale (inspiration/expiration;veille/sommeil ; systole/diastole ; érection/éjaculation…). On peut dire que la psore est physiologique avant d'être pathologique.
Trois temps cosmiques influent sur nos rythmes biologiques et notre horloge interne : Le cycle annuel et la succession des saisons ; le cycle jour/nuit ; le cycle lunaire.
Les cycles annuels et quotidiens ont en commun leur rapport avec la lumière. Précisons que le rythme quotidien jour/nuit est influencé par la présence de la lumière et peut donc être perturbé chez ceux qui vivent en vase clos, prennent les transports en commun très tôt et /ou très tard et donc ne voient pas le jour, alors que le rythme jour/nuit est une horloge interne qui ne fait pas tout à fait 24 heures et est la trace dans nos cerveaux de ce rythme lumineux, en dehors de toute stimulation.
La sérotonine et la mélatonine sont les hormones acteurs de l'irruption de la lumière dans notre rythme biologique.
La sérotonine qui est un neurotransmetteur avant tout, une hormone avant l'heure mais qui agit de façon très localisée et nourrie par la lumière.
La mélatonine qui est véritablement une hormone circulante sécrétée par la glande pinéale ou épiphyse, est nourrie au contraire par l'obscurité et sa fabrication à partir de la sérotonine est ralentie par la lumière.
On comprend donc que les pathologies hormonales rythmiques, caractéristiques de la psore, seront sous l'influence de ces hormones et sous l'influence de l'alternance lumière/obscurité.
La dépression saisonnière automnale de RHUS TOX qui craint le manque de lumière autant que l'humidité, celle de NATRUM MURIATICUM qui s'aggrave à l'automne malgré sa crainte du soleil, celle de PHOSPHORUS qui craint le crépuscule de l'année autant que celui de chaque jour, sont de cet ordre.
Le cycle lunaire est surtout celui des médicaments psoriques.
NUX VOMICA, ARSENICUM ALBUM, PULSATILLA, PHOSPHORUS, RHUS TOX, SUFUR, CINA, LYCOPODIUM s'aggraveront à la nouvelle lune (pleine lune).
Ce cycle lunaire rappelle le cycle menstruel et on retrouvera tous les médicaments cycliques autour de SEPIA et LACHESIS (voir modules sur la ménopause).
LUÈSE ET HORMONES :
La luèse est le mode réactionnel chronique le moins rythmique. Tout est plutôt dysharmonie que séquence liée au temps et aux équilibres. Lorsque les glandes endocrines sont atteintes, c'est donc de manière profonde et selon la séquence classique de cette diathèse : inflammation, autodestruction puis sclérose et mort.
Les glandes endocrines ne sont pas atteintes dans leur sensibilité dans l'environnement, ni dans leur rythme mais bien dans leur organicité avec des lésions cellulaires et tissulaires.
Le seul rythme que l'on retrouvera tout de même est celui de l'alternance jour/nuit avec l'aggravation générale la nuit pour la luèse.
Le dérèglement de l'alternance entre mélatonine nocturne et sérotonine diurne est favorisée, dans ce cas précis par les veilles prolongées, le mode de vie dirigée vers la nuit, la fête très souvent alcoolisée, tous les excitants (y compris la cocaïne et assimilés) qui décalent l'horloge circadienne(jour/nuit).
Nous retrouverons ainsi le grand polychreste qui est LACHESIS qui se décale vers le soir avec aggravation le matin : c'est un remède fondamental de la ménopause avec toutes ses atteintes glandulaires et cardiovasculaires.
Nous retrouverons aussi nos médicaments très lésionnels glandulaires comme LYCOPUS et CALCAREA FLUORICA, en particulier sur la glande thyroïde (avec une hyperthyroïdie pour LYCOPUS).
En conclusion :
L'homéopathie ne guérit pas les troubles endocriniens cliniquement graves, comme les diabètes décompensés, les insuffisances surrénaliennes, les hyper ou hypothyroïdies ou les troubles de la glande parathyroïde, toutes affections que seuls le spécialiste arrivera à débrouiller.
La plupart du temps, l'homéopathie sera très efficace pour traiter des patients en déséquilibre clinique et hormonal sans gravité majeure.
A suivre le mois prochain.